Le soir décline et dessine ses longues lignes de fuite entre les arbres. Teinte d’or jusqu’au murmure du vent.
Au sol s’allongent les ombres, s’endorment les fleurs, s’évanouissent les heures. L’air est tiède encore.
C’est avec un mélange d’appréhension et d’excitation que je me suis rendue hier soir à une adresse étrange. Une adresse sur laquelle les services de géolocalisation et autres GPS refusent de s’accorder. Peut-être car elle se situe déjà à la frontière du rêve, de la fiction et du merveilleux. Cette adresse, c’est celle de la bonne fée, la marraine, celle qui avait réuni 12 apprentis écrivains dans une bulle ouatée en mars dernier. Hier soir donc, je suis allée profiter de la vue depuis les locaux hauts perchés de la Fondation Bouygues Télécom.
J’y ai retrouvé les copains du Labo de l’Écriture (cela explique l’excitation). Rencontré aussi les Laborantins de l’année précédente. Il y avait Merlin, le magicien, le conteur : Bruno Tessarech, qui nous avait transmis quelques étincelles de son savoir lors de cet atelier. La bonne fée, la marraine était là aussi, bien sûr, avec toujours ce large sourire et ses yeux plissés de sympathie.
Devant nous, elle a levé le voile des Premières Lignes. Ensemble, nous avons découvert les deux premiers épisodes (et quelques bonus) de la web série tirée du Labo de l’Écriture (voilà pour l’appréhension). Pas toujours facile de se voir à l’écran. De s’entendre buter sur un mot. De repérer une grimace, une mimique peu esthétique. Mais surtout, en quelques minutes à peine, je me retrouve propulsée, immergée dans cette bulle qui nous a abrités quatre jours durant.
Ces deux épisodes retranscrivent à merveillecette expérience, l’atmosphère qui a régné. Et surtout, elle rend un bel hommage à son chef d’orchestre, Bruno Tessarech. Alors même si je n’ai pas très envie que l’on me voie à l’écran, que l’on m’entende buter sur un mot, que l’on décortique mes grimaces et mes mimiques, je ne peux que conseiller aux apprentis écrivains, aux aspirants auteurs de regarder se dessiner ses Premières Lignes, qui les aideront sans nul doute à tracer les leurs…
Teaser – websérie « Premières Lignes » par FondationByTel
Teaser 2 – websérie « Premières Lignes » par FondationByTel
Rendez-vous le 9 septembre sur le site d’Evene pour la diffusion du premier épisode.
Je n’ai pas envie d’écrire ce dernier épisode du Labo de l’Écriture. De mettre un deuxième point final à cette expérience en immersion qui représente tant à mes yeux. De fermer définitivement la porte de la salle vitrée du niveau -1. Non, je n’en ai vraiment pas envie.
Mais c’est aussi un passage obligé, un cap nécessaire sur le chemin de l’aspirante écrivain que je suis. Quitter le nid, battre de ses propres ailes (même si l’aspirante écrivain que je suis ne devrait probablement pas utiliser des métaphores aussi cliché)… Faire face à la page blanche, mais surtout et bien plutôt faire face à tout ce qui vient après, une fois que cette page n’est plus complètement blanche. Même si la seule chose qui y est écrite est : « Soudain, la pendule du salon sonna trois heures ».
Non, je n’ai pas envie d’écrire ce dernier épisode du Labo de l’Écriture. Mais si, le premier jour de cette aventure, Bruno nous a précipités, mes camarades laborantins et moi-même, dans l’écriture sans bouée ni flotteur, je sais aujourd’hui que c’est à moi et à moi seule de sauter à pieds joints dans le grand bain. Heureusement, avec un petit Bruno et dix autres petits lecteurs posés sagement sur mon épaule, je ne devrais pas avoir peur…
*
Hier, nous n’avons pas eu le temps de lire nos textes. Ce qui, d’un côté, n’est peut-être pas plus mal. Cela donne à ceux qui le souhaitent (et qui en ont le courage) l’occasion de retravailler leurs écrits. Au calme. Sans limite de temps. Et de les laisser reposer. Continue reading
Des cernes sous les yeux, je cherche le réconfort dans les chouquettes fondantes quand d’autres se noient dans leur café. Je suis épuisée. Et à en juger par les mines fatiguées et les traits tirés de mes camarades laborantins, je ne suis pas la seule. Certains nous riront sans doute au nez : quoi ? Vous êtes fatigués ? Mais vous ne faites qu’écrire… Oui, mais écrire, ça fatigue. Et ça s’infiltre dans chacun de vos neurones. Les séances quotidiennes ne durent peut-être « que » quatre heures (quatre heures déjà intenses), mais j’y pense encore tout le reste de la journée. Et de la nuit. Je mange Labo d’écriture, je respire Labo d’écriture, je dors Labo d’écriture. Je suis dans cette salle vitrée du niveau -1 24h/24. Peut-être pas physiquement, mais mentalement c’est certain.
Alors pour me lancer avec la même énergie, la même concentration, la même capacité d’écoute et d’application que les autres jours, j’ai besoin de chouquettes ! Continue reading
Voilà, les personnages sont posés, le décor est planté.
Il est 9h50. Je marche au radar sur le boulevard Haussmann, le nez plongé dans « Lettres à D. » que j’ai emprunté parmi le monticule de livres qui siège sur notre table de travail. Arrivée au 14, je relève enfin la tête. Deux de mes camarades laborantins sont là. On se salue, on discute. Puis le mouvement s’amorce.
On dégaine les badges, on marche droit vers l’ascenseur. Comme si nous étions chez nous. Car cette salle vitrée est devenue notre seconde maison. Notre cocon. Toute la ruche bourdonnante autour de nous est comme oblitérée dès que la porte se referme. Et le temps de la « vraie vie » disparaît. Nous pénétrons un autre temps. Autonome. Comme une respiration retenue.
Dans cette salle vitrée, le monde extérieur n’existe plus. Continue reading
« Faire un tour de table pour se présenter alors qu’on est là pour écrire, c’est absurde. Je vous laisse quelques minutes pour rédiger un texte sur deux ou trois choses que vous avez envie de dire de vous. Pour qu’on apprenne à se connaître ».
Douze regards paniqués. Nous sommes là depuis quoi ? Même pas trente minutes (le temps de présenter nos livres préférés, à présent éparpillés au milieu de la table) ? Et on nous jette déjà dans le grand bain, sans bouée ni flotteur.
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Ce matin, je me suis réveillée dans un grand sursaut. À 7h52. À l’heure prévue. Événement suffisamment rare pour être souligné. Je ne me réveille jamais avant dix heures sans l’aide insistante d’un réveil. Or, ce matin, le réveil n’a pas sonné. Pas étonnant puisque j’ai tout bonnement oublié de le programmer. Voilà, il n’est pas 8h et j’ai déjà envie de me donner des claques.
Après avoir loupé mon train, très légèrement angoissé à l’idée d’arriver en retard, couru comme une dératée sur divers quais de train et de métro et pris le boulevard Haussmann dans le mauvais sens, j’arrive au siège du Figaro à 9h59, essoufflée mais victorieuse.
Car aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres. En ce jeudi 21 mars 2013 s’ouvre la seconde édition du Labo de l’Écriture* animé par l’écrivain Bruno Tessarech. Et, à ma grande surprise, j’ai été sélectionnée pour y participer. Continue reading