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Labo de l’Écriture – Day 3 : Fatigue

Des cernes sous les yeux, je cherche le réconfort dans les chouquettes fondantes quand d’autres se noient dans leur café. Je suis épuisée. Et à en juger par les mines fatiguées et les traits tirés de mes camarades laborantins, je ne suis pas la seule. Certains nous riront sans doute au nez : quoi ? Vous êtes fatigués ? Mais vous ne faites qu’écrire… Oui, mais écrire, ça fatigue. Et ça s’infiltre dans chacun de vos neurones. Les séances quotidiennes ne durent peut-être « que » quatre heures (quatre heures déjà intenses), mais j’y pense encore tout le reste de la journée. Et de la nuit. Je mange Labo d’écriture, je respire Labo d’écriture, je dors Labo d’écriture. Je suis dans cette salle vitrée du niveau -1 24h/24. Peut-être pas physiquement, mais mentalement c’est certain.

Alors pour me lancer avec la même énergie, la même concentration, la même capacité d’écoute et d’application que les autres jours, j’ai besoin de chouquettes !

*

Ce matin, Bruno nous demande quels sont les problèmes que nous rencontrons dans notre écriture. Quel est le caillou dans notre chaussure. Le premier à rouler sur le tapis, c’est le travail. Le vrai, celui qui vient après cette pulsion joyeuse du premier jet. Comment s’y prendre pour retravailler un texte ? Bruno nous parle de ces ateliers d’artistes où les tableaux sont tous retournés contre le mur. Pour pouvoir les oublier totalement. Avec un texte, c’est pareil. Il faut le laisser reposer.

On peut aussi choisir de se poser des contraintes, des limites de temps. Passer un contrat avec soi-même. Mais il faut surtout apprendre ce qui nous convient à nous, individuellement.

Tous les gens de l’image (les peintres, les sculpteurs, même les gens du cinéma) doivent apprendre à se servir de leurs instruments. Ils « préparent leurs couleurs » avant de se mettre au travail. Pour un écrivain, c’est différent. Si les autres artistes travaillent avec des outils qui sortent de l’usage quotidien, l’écrivain, lui, travaille avec une matière que tout le monde utilise : le langage. Dès lors, il n’existe plus de frontière entre la vie de tous les jours et l’espace de création.

Mettre en place des rituels permet alors d’entrer en écriture, de pénétrer l’espace particulier de la création. Il faut les identifier, les cultiver. « Ils sont de l’ordre de la magie ».

*

L’air de rien, on passe un cap. En entamant cette troisième journée d’atelier, nous franchissons la ligne médiane. Et, de manière un peu symbolique, on se rend bien compte qu’on a fini de jouer. L’angoisse de la page blanche, ne pas savoir commencer, tout cela va bien cinq minutes. Mais au fond, on sait désormais qu’on n’a plus d’excuse. Qu’il nous faut écrire, quoi qu’il arrive.

C’est peut-être pour ça que Bruno nous donne cet exercice aujourd’hui : écrire une scène clé d’un roman qui n’existe pas (encore) en choisissant la difficulté. En prenant volontairement un risque. Nous avons à peine une heure. Nous sommes plusieurs à quitter la salle, à aller nous cacher dans un recoin pour écrire. Signe d’un premier rituel, d’un besoin de solitude quand d’autres préfèrent être bercés par « la rumeur du monde » ?

*

Le conseil du jour :

Repérez, identifiez et surtout cultivez vos habitudes d’écriture. Mettez en place des rituels. Trouvez l’endroit parfait, le moment idéal. Le matériel qui vous convient. Que ce soit le clavier de votre ordinateur, un carnet ligné d’écolier ou du papier épais couleur crème avec cette encre spéciale achetée toujours dans la même papeterie à Venise…

C’est comme ça que l’on parvient à entrer en écriture.

 

La citation du jour (allez, deux en une parce que je suis vraiment sympa) :

« L’écriture de roman, c’est l’une des choses les plus jouissives qui soient. On dit qu’on est seul, mais on vit avec qui on veut. On est accompagné de ses personnages. C’est absolument magique et merveilleux. Balzac disait d’ailleurs : “Je fais concurrence à Dieu et à l’État civil.” »

Bonus :

« Il y a des lectures que l’on fait pour lire et des lectures que l’on fait pour écrire » alors voici les recommandations de lecture pour aspirant écrivain de notre cher Bruno :

  • Balzac
  • Stendhal
  • Flaubert
  • Les nouvelles de Maupassant
  • Proust
  • Gide
  • Céline
  • Aragon
  • Malraux
  • Sartre
  • Camus
  • Vian
  • Sarraute
  • Duras

À vos bouquins, prêts, partez !

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Le Labo de l’Écriture est une initiative de la Fondation Bouygues Telecom (en partenariat cette année avec Evene.fr – Le Figaro) qui s’est donné pour mission de promouvoir la langue française, d’encourager la création littéraire et d’accompagner les aspirants auteurs.

Plus d’information sur le site Les Nouveaux Talents.

Le récit d’autres participantes : [Sophie] et [Marion]

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