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Prix Nouveau Talent. Premier roman. L’heure du bilan.

Le 30 septembre 2013. 23h57. Je relis une dernière fois le contenu de mon message. Vérifie la présence du petit trombone signalant la pièce jointe. Le nom du fichier attaché. Tout est en ordre. Je clique sur « Envoyer ». Je peux enfin laisser échapper un soupire de soulagement.

Je l’ai fait. J’ai rempli mon contrat. J’ai envoyé un manuscrit pour participer au Prix Nouveau Talent. Et jusque dans les derniers temps, je n’ai pas été sûre d’y parvenir.

Dure, la vie d’écrivain…

Il y a tout juste six mois, je faisais mon coming out littéraire dans ces pages. Je clamais enfin (d’une voix timide et chevrotante) : « Je suis écrivain ». J’ambitionnais d’écrire tel un métronome, mille mots chaque jour. Et de rendre compte ici de mes avancées par un compteur de mots et de signes. J’ai plus ou moins tenu le rythme pendant environ deux mois. Mais ce compteur m’a finalement bien vite gênée plutôt qu’encouragée. Je n’ai pas de routine d’écriture. J’écris tantôt sur ordinateur, tantôt sur des feuilles volantes. Parfois dans des carnets. Comment tenir le compte alors ? Et que compter aussi ? Dois-je additionner les mots de mes articles à ceux de mes tentatives fictionnelles ? Puis-je prendre en compte les bribes de mon journal ?

Après avoir grimpé de façon vertigineuse, le compteur s’est donc peu à peu figé, immobilisé. Et mon rythme d’écriture a lui aussi eu ses premiers ratés, moteur crachotant avec peine des nuages de fumée. Je me suis retrouvée avec un demi-roman. Une histoire fragmentée, encore maigre et bancale. J’ai vu les semaines filer, l’échéance se rapprocher. J’ai cru abandonner.

Puis, après plusieurs mois d’errance, d’hésitation, de reproches, quelques jours seulement avant que le mois de septembre ne vienne se fondre en octobre, mon corps s’anime dans un nouveau sursaut de détermination. Je reprends le manuscrit délaissé à bras le corps et je me jette dans l’écriture sans presque plus pouvoir penser. Le compteur de mon blog reste désespérément figé. C’est sur papier que je garde alors trace de mes avancées. Dix jours à peine pour écrire la moitié d’un roman. 125 000 signes au moins. Chaque matin, je peine à me lever, ne sachant que me répéter que je ne pourrais jamais abattre une telle masse de mots, de paragraphes, de pages. Pour me mettre à écrire, je ne peux alors que me mettre des œillères. « Allez, écris 5000 signes et tu peux regarder un épisode de ta série préférée ». Puis « 5000 signes et tu as le droit à un goûter ». Ou encore « 5000 signes avant d’aller dormir, enfin ». Ainsi, de 5000 signes en 5000 signes, je m’accroche, je m’écorche, mais j’accumule les mots et me rapproche de la ligne d’arrivée. Alors qu’il y a six mois, 1000 mots quotidiens me semblaient parfois demander un temps infini, j’en suis à près de 5000. Je n’en reviens pas moi-même et reprends peu à peu confiance.

Mes efforts finissent par payer : j’achève à quelques jours à peine de l’échéance un premier jet de 252 000 signes et des poussières. À peine le temps d’une relecture, rapide, insuffisante, insatisfaisante, exterminant méthodiquement fautes de frappe, d’orthographe, de grammaire, mais ne permettant pas de redresser certains passages boiteux, maladroits, empâtés. Et j’envoie. Malgré tout. In extremis. Mon manuscrit n’est encore qu’un premier jet, en fait. Je n’ai pas su me ménager le temps de le reprendre, de le retravailler, d’en faire un vrai premier roman, abouti, fignolé, porté à bout de bras. Mais en fin de compte, mon ambition n’allait pas jusque-là. Ma plus grande difficulté, c’était la longueur. J’avais donc deux objectifs : écrire 250 000 signes. Pour le 30 septembre. Je l’ai fait. Mon copain peut enfin dire « C’est cool, ma copine écrit des livres ». Et je m’empresserai de le corriger : « Un livre, j’ai écrit un livre. Et même pas bon en plus ». Mais c’est avec une once supplémentaire de fermeté que je peux dire aujourd’hui : « Je suis écrivain » et me tourner vers mon prochain défi.

Mon nouveau compteur de mots… sur Post-It !

J’aime compter. Les livres que j’ai lus. Les mots que j’écris. Le nombre de jours d’affilée où j’ai pratiqué cette dernière activité. Les chiffres donnent du poids, des repères. Un verdict lapidaire et sans appel sur l’avancement de nos projets, sur la distance qui nous sépare de la ligne d’arrivée. Mais le petit compteur de mots que j’avais installé avec enthousiasme dans le coin de mon blog, je le fais aujourd’hui disparaître. Trop inadapté, trop peu pratique. Comment rendre compte alors ici de mes avancées ? Avec des mots peut-être…

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