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Corps et ponctuation : à propos de la petite communiste de Lola Lafon

Le 25 février dernier, Lola Lafon était à la librairie Ombres blanches pour rencontrer ses lecteurs, et surtout les membres toulousains du jury du Roman des étudiants France Culture / Télérama (dont j’ai la chance de faire partie). Retour sur un moment privilégié et impressions de lecture.

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Titre

On pourrait se demander pourquoi intituler un roman sur Nadia Comaneci « La petite communiste qui ne souriait jamais ». Car sur les vidéos, on le découvre, ce sourire enfantin de la gymnaste aux enchaînements parfaits. Elle n’affiche donc pas toujours ce visage fermé, cette expression appliquée. Pourquoi alors ?

« Le titre du roman, c’est Nadia vue par les Occidentaux », explique Lola Lafon. Finalement, ce n’est pas tant qu’elle ne souriait jamais, c’est qu’elle ne le faisait pas pendant ses enchaînements, trop concentrée sur ses mouvements, sur sa « mission ». Ce sourire, c’était encore quelque chose que le public lui réclamait. Quelque chose de plus. Car il en fallait toujours plus.

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Une part de ciel, de Claudie Gallay

En attendant Curtil

Il y a quelques semaines, je découvrais dans ma boîte aux lettres un lourd paquet. Une part de ciel, de Claudie Gallay (Actes Sud). Bien bel objet que ce livre, impressionnant peut-être aussi, de part son épaisseur. Mais il capte l’oeil et le séduit, grâce à ce rouge chaleureux, omniprésent dans ce décor enneigé (la teinture faite avec les coccinelles, une robe, un manteau, une pièce de puzzle…), ce contraste avec le blanc glacé.

Je caresse le papier crème, fais glisser les pages. Le texte est aéré, comme grignoté, strié de dialogues. Toujours ceux du présent, de l’ici et maintenant. Ceux de l’attente aussi. De cette attente à laquelle Carole aura bien du mal à se faire. De cette attente interminable du père qui n’est pas sans évoquer Beckett :

« — Qu’est-ce qu’on fait ? j’ai demandé.
— Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ?
— On l’attend, a dit Gaby. »
 

Dans cette attente, le temps qui passe se rappelle sans cesse à la mémoire, par les dates en tête de chapitre, sept semaines de sept jours, par une multitude d’horloges dont certaines sont arrêtées (dans la boutique du vieux Sam), voire amputées (celle de la gare). Au Val-des-Seuls, le temps s’écoule différemment, se fait menaçant parfois, se suspend surtout. Là, l’écriture de Claudie Gallay fait tout. Des phrases courtes, descriptives. Un travail sur le détail. Sur l’ambiance. Sur le rythme. Continue reading

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