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Matinale SFT du 19 janvier 2013 : Le secrétaire de rédaction, au service des textes

Alors qu’un lourd tapis blanc assourdit la ville et l’engourdit de froid, nombreux sont les courageux venus chercher un peu de chaleur au 14 quai du Louvre. L’odeur de café et les conversations enthousiastes emplissent la pièce… En cette matinée enneigée de janvier, traducteurs accomplis ou en devenir se réunissent pour écouter une femme passionnée et passionnante nous conter son métier, pas si éloigné du leur, du nôtre. Marie-Édith Alouf, pimpante secrétaire de rédaction chez Politis, est également cofondatrice des éditions Les Petits matins.

 Photo by Nirina R

« Secrétaire de rédaction, ce n’est pas un boulot d’amateur éclairé »

Les fonctions, notamment dans le domaine de l’édition, sont de plus en plus poreuses. Petit tour d’horizon :

  • Le correcteur effectue les corrections typographiques, orthographiques, grammaticales. Il vérifie les informations, mais n’agit pas du tout sur le fond éditorial.
  • L’assistant d’édition (ou le secrétaire d’édition) fait des suggestions de chapitrage, propose des coupes, d’intervertir des parties… Il intervient sur le fond éditorial.
  • Le secrétaire de rédaction est journaliste, il n’est pas rédacteur, mais a tout de même sa carte de presse. Il travaille notamment à l’habillage des textes (les titres, légendes, chapôs, exergues).
  • Le maquettiste s’occupe de la partie technique de la mise en page. Ce n’est pas son travail de corriger les fautes.

Aujourd’hui, on voit des intitulés de poste hybrides tels que « secrétaire de rédaction – maquettiste ». On nous forme à tout faire, on cherche l’homme-orchestre, au risque de perdre en qualité. On demande également de plus en plus aux auteurs et aux traducteurs d’être polyvalents : ils doivent être leur propre secrétaire d’édition. C’est un travail supplémentaire, mais cela présente au moins l’avantage d’avoir plus de maîtrise sur son travail et sur ses choix.

Le secrétariat d’édition est un métier à part entière, très qualifié et qui demande bien plus qu’une très bonne orthographe. Il n’y a pas que l’aspect pratico-pratique des corrections, mais également un véritable travail d’aide à l’auteur, à reformuler sa pensée. C’est un travail de mise en valeur du texte : on peut avoir à réorganiser les paragraphes, procéder à des coupes drastiques. Il faut également savoir où et comment chercher. « Ce n’est pas un boulot d’amateur éclairé ».

 Photo by Christian@94

Secrétaire de rédaction et traducteur : affinité, proximité…

Il existe une certaine proximité entre le métier de secrétaire de rédaction et celui de traducteur. Dans les deux cas, on appréhende les textes de manière bien plus profonde que dans le cadre d’une simple lecture. On apprend à connaître l’auteur, sa pensée. On pénètre parfois même son inconscient.

Le secrétaire de rédaction et le traducteur participent également d’une médiation indispensable : ils permettent de faire exister le texte. Mais leur travail est aussi invisible. On remarquera toujours la faute qui reste dans un texte, mais jamais les cent autres qui ont été corrigées.

 Photo by fpeault

Le secrétariat d’édition dans la pratique

Avant de commencer à travailler sur un texte, il faut connaître la marge de manœuvre dont on dispose et en informer l’auteur. Dans la presse, on est par exemple moins interventionniste sur une tribune libre que sur l’article d’un rédacteur. Dans l’édition, ce sera également le cas pour un texte littéraire par rapport à un essai.

Mais dans la presse comme dans l’édition, l’objectif est le même : réaliser un document optimal avant l’envoi à l’impression. Pour cela, le document en question doit être le plus unifié possible, que ce soit du point de vue de l’orthographe, de la typographie ou de la présentation. Pour cela, il existe différents outils :

  1. 1) Les logiciels de correction

Le logiciel Prolexis, par exemple, a l’avantage de voir ce que l’œil corrige naturellement. Il permet de modifier rapidement les guillemets, les espaces… Cela permet à l’œil de l’éditeur d’être moins dispersé au moment de la lecture.

  1. 2) De bons dictionnaires

Marie-Édith Alouf recommande notamment :

  • Le Robert
  • Le dictionnaire de l’orthographe et de l’expression écrite d’André Jouette
  • Le dictionnaire des difficultés de chez Bordas
  • Le dictionnaire typographique de l’Imprimerie nationale

Le travail du secrétaire de rédaction s’organise en deux étapes fondamentales : les corrections en amont (sur le texte lui-même) puis les corrections en aval, sur épreuves. Dans la première phase, on prête attention à l’orthographe, la grammaire, la typographie, alors que dans la seconde, il est plutôt question de mise en page (éviter les veuves et les orphelines, les coupes interdites, etc.)

On ne voit pas du tout la même chose en amont que sur épreuves, d’où l’importance de ces deux relectures qui sont très différentes.

Lire aussi :

  • Mon stylo rouge mental, autoportrait d’une secrétaire de rédaction (Marie-Edith Alouf, Politis).
  • Teaching yourself editing, the only way to truly learn editing is to edit (John E. McIntyre, You Don’t Say). De cet article, retenons notamment cette parfaite citation, s’appliquant aussi bien au secrétaire d’édition qu’au traducteur :

« Develop a deeper store of information about one or more fields in which you are interested, so that you can offer your expertise in it. You can never know too much to be an editor, and you will never know enough. »

Et pour être sûr de ne pas louper les prochaines matinales de la SFT Île-de-France : [C’est par ici !]

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