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Les Rencontres de la traduction au Salon du livre 2011

Jeudi 17 mars se tenaient les premières Rencontres de la traduction organisées par le Salon du livre de Paris, un évènement répondant à une vraie demande, un rendez-vous que les organisateurs souhaitent pérenne. Au programme, cinq tables rondes rassemblant d’éminentes figures de la traduction et de l’édition autour d’un débat : « Dans un secteur florissant, quelle est la place du traducteur ? » Pourtant, face au mécontentement que l’on sentait émerger par moments, on peut se demander si le secteur est aussi florissant que l’affirme ce titre…

En effet, lors des débats, plusieurs traducteurs présents dans la salle ont fait entendre leur voix, notamment sur la stagnation des tarifs qui, en raison de l’inflation, les oblige à travailler en moyenne 1/5 fois plus aujourd’hui qu’il y a dix ans. De même, un traducteur débutant est payé à peu de choses près le même tarif au feuillet qu’un traducteur qui exerce depuis de longues et nombreuses années. Ainsi, une traductrice déclarait presque regretter ses débuts, lorsqu’elle traduisait des textes faciles, alors qu’aujourd’hui, pour le même salaire, elle passe beaucoup plus de temps à traduire des ouvrages plus ardus. Parmi les intervenants également affleuraient les frustrations. Jean Pavans, écrivain et traducteur, intervenant lors de la table ronde intitulée « Un secteur dynamique au plan économique… et symbolique », a pointé du doigt la question du pourcentage sur les ventes accordé au traducteur. « 1 %, ce n’est pas une loi de la nature, c’est une coutume ! » lançait-il. Olivier Mannoni, traducteur et président de l’Association des traducteurs littéraires de France, intervenant sur la question des « Difficultés de la professionnalisation », déplorait quant à lui la « formation de masse » avec ses 120 étudiants qui sortent chaque année de masters de traduction littéraire sans trouver de travail sur un marché déjà saturé. Ce ne sont là que quelques exemples, mais ils me semblent assez représentatifs de certaines défaillances du secteur de la traduction littéraire.

Pourtant, malgré ces mises en garde, ces propos parfois dissuasifs, cette journée n’a fait que me conforter dans mon envie de me lancer dans l’aventure. Oui, Robert Pépin, traducteur, directeur de collection chez Calmann Lévy et ancien professeur de traduction, a bien insisté là-dessus : il faut savoir à quoi s’attendre. Pas de perspective d’évolution de carrière, peut-être même pas de travail vu la saturation du marché, la difficulté d’obtenir un essai chez un éditeur lorsqu’on débute, les revenus plutôt dérisoires, la valeur bien relative d’un quelconque diplôme… Oui, j’ai bien pris note de tout cela. Et j’imagine bien que je ne gagnerai pas ma vie en faisant seulement de la traduction littéraire. Mais voilà, malgré tout cela, cette journée a renforcé ma détermination. Parce qu’en dépit de cette lutte quotidienne des traducteurs littéraires, ce qui m’a le plus émue, c’est l’amour qu’ils ont de leur métier. Beaucoup en parlent avec humour, tous avec passion.

Ainsi, j’ai particulièrement apprécié l’intervention d’Agnès Desarthe, écrivain et traductrice, lors de la première table ronde intitulée « Traducteurs et auteurs : même combat ? » Elle y évoquait le rapport entre son activité d’auteur et de traductrice, comment l’une et l’autre peuvent s’enrichir mutuellement, mais surtout comment la traduction relevait d’une sorte de transe et permettait de faire l’« expérience de la vacance de l’ego ». Lorsqu’on traduit, on a « la liberté d’être un meilleur écrivain que celui qu’on est condamné à êtreQuand j’écris, je suis malheureusement moi. Quand je traduis, je suis heureusement quelqu’un d’autre ».

La liste des qualités d’un bon traducteur énumérées tout au long la journée est assez longue : effacement, fidélité, rigueur, savoir « rendre toutes les voix du texte sans y ajouter la sienne » (Brice Matthieussent, auteur de Vengeance du traducteur), aimer la langue, savoir écrire, connaître la littérature et la vie du pays dont on traduit l’auteur, être travailleur mais aussi avoir la graine de talent au départ…

Hé bien il est grand temps de se mettre au travail !

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