Inspirée par [cet article] sur comment progresser dans sa langue source (langue étrangère), j’ai eu envie de rédiger un article sur comment améliorer sa langue cible ou langue maternelle. Contrairement à l’article de Food For Translators, ce billet ne vise pas exclusivement les traducteurs. J’espère que chacun (traducteurs y compris) pourra piocher une idée, trouver la motivation ou l’inspiration pour essayer, à sa façon, à son rythme, d’enrichir sa langue maternelle.
1) Dompter les mots inconnus
Il nous est tous arrivé, à un moment ou à un autre, de tomber nez à nez avec un parfait inconnu, un mot incongru dont la signification nous est aussi obscure que la liste des ingrédients sur un paquet de fraises Tagada. Mais il ne suffit plus désormais d’aller consulter ce bon vieux Robert, d’opiner du chef quelques secondes et de passer à autre chose. Votre mission si vous l’acceptez : utiliser le mot récalcitrant le plus souvent possible, en discutant avec Mémé, dans votre lettre à Tante Suzie, dans une réplique humoristique en 140 caractères… Et ce, jusqu’à ce qu’il ronronne à vos oreilles !
2) Lire des textes spécialisés dans un domaine que vous ne maîtrisez pas
Pour ceux qui maîtrisent déjà le premier point, il n’est plus seulement question de s’approprier des mots inconnus, mais d’en dénicher ! Pour cela, quoi de mieux qu’un bon pavé jargonnant au possible ? Pour éviter l’overdose, allez-y tout de même par étapes. Si la lecture d’une ordonnance vous donne déjà la nausée, ne vous jetez pas sans bouée dans la lecture du Vidal ! Mais choisissez un domaine dont vous ignorez tout et commencez à lire des choses simples sur le sujet. Notez le vocabulaire spécifique et reportez-vous au point précédent. Au fur et à mesure de vos lectures, augmentez la difficulté du texte.
3) Oubliez le style SMS
Il n’y a rien de pire pour ruiner votre orthographe. Alors souscrivez un forfait avec SMS illimités et commencez à écrire correctement (oui, les mots en entier, sans abréviation. Je sais, c’est dur). Cela vaut également pour Facebook et Twitter.
4) Désactivez le correcteur automatique et relisez-vous
Avant de vous reposer entièrement sur le correcteur de Microsoft Word, essayez d’écrire avec le moins de fautes possible et surtout, prenez l’habitude de toujours vous relire. On devient rapidement faignant et inattentif lorsqu’on a une machine pour faire le travail à notre place. Mais la machine n’est jamais infaillible !
5) Nom d’un caribou !
Amusez-vous avec les dialectes, géolectes et autres chronolectes en découvrant, par exemple, quelques expressions québécoises un peu loufoques ou en apprenant des poèmes de Ronsard que vous déclamerez avec passion à votre moitié.
6) Enseignez
L’une des meilleures façons d’apprendre est d’enseigner. En effet, cela nous oblige à synthétiser, reformuler et donc à comprendre bien plus en profondeur le savoir que l’on souhaite transmettre. Pourquoi ne pas aider cet étudiant étranger fraîchement débarqué en France et un peu perdu avec son français ? Avec un peu de chance, il vous aidera en échange à apprendre sa propre langue. Tout bénèf’ !
7) Participez à un atelier d’écriture
Vous n’enrichirez probablement pas ici votre vocabulaire mais vous apprendrez à manier la langue différemment, à jongler avec les mots. Les ateliers d’écriture proposent le plus souvent des exercices ludiques impliquant des contraintes, de quoi développer sa créativité, mettre à l’épreuve la flexibilité du langage tout en s’amusant.
8) Exercez-vous avec la dictée de Bernard Pivot
… ou tout autre défi langagier de votre choix. Mais mettez-vous à l’épreuve, essayez, repoussez vos limites.
9) Rencontrez des gens
Diversifiez vos relations. Allez au musée avec un peintre. Promenez-vous dans un parc avec un botaniste. Déjeunez avec un cuistot. Saisissez toutes les occasions possibles d’apprendre quelque chose de nouveau. Et, selon moi, la manière la plus agréable et la plus facile pour cela, c’est de discuter avec des gens passionnés. Non seulement vous pourrez vous approprier le vocabulaire spécifique des experts, mais également apprendre des choses passionnantes en passant d’agréables moments avec des gens tout aussi passionnants.
10) Lisez
C’est sans doute le conseil le plus bête et basique que l’on puisse donner à quelqu’un qui souhaite améliorer sa langue maternelle, que ce soit pour étendre son vocabulaire ou améliorer son expression. Mais c’est aussi le conseil inévitable, imparable. Lisez beaucoup, de tout, le plus souvent possible. Des romans, de la poésie, des livres théoriques, des magazines… Lisez, lisez, lisez !
Avez-vous d’autres astuces pour améliorer votre langue maternelle ? Partagez-les dans les commentaires.
Juste une remarque concernant ton introduction. Tu utilises du vocabulaire dans le sens de la traduction et non de l’apprentissage des langues, ce qui est dommage pour un article comme celui-ci
Langue source = langue de laquelle on part = langue maternelle
Langue cible = langue vers laquelle on va = langue étrangère.
Je crois qu’en jonglant entre la traduction et l »apprentissage des langues et donc en ayant des lecteurs différents, il vaut mieux se contenter de langue maternelle et langue étrangère.
J’utilise les deux il me semble. L’article auquel je fais référence est à destination des traducteurs d’où mon emploi de l’expression « langue cible », c’est aussi dans le titre même de l’article. Par contre, concernant mon propre article, j’explique qu’il concerne la langue cible = langue maternelle. Et le titre ne reprend pas l’expression plutôt orientée traduction. J’ai essayé d’opérer un glissement du vocabulaire de la traduction à un vocabulaire plus général dans l’intro :) Mais je comprends la remarque, je vais préciser le terme « langue cible » pour le lecteur non spécialiste ^^
Je découvre votre blogue par celui de Patoudit, et je trouve ces tuyaux excellents. Ils sont d’autant plus valables pour le traducteur expatrié, qui se doit de doubler ses efforts de réapprentissage de sa langue maternelle. Pour moi, après 10 ans aux États-Unis, j’ai vraiment pu devenir bilingue une fois que je me suis reconcentrée sur le français il y a quelques années, tout en conservant mon anglais.
J’essaie en fait de développer deux langues « maternelles », même si l’anglais ne le sera vraiment jamais. Il se contentera de faire concurrence à mon français, et de semer le doute sur mes origines chez mes locuteurs.
Par contre, j’ai toujours évité l’enseignement, je ne me sens pas du tout faite pour cela. Mais qui sait, peut-être ce jour viendra…
Bonjour Nadia, et bienvenue sur le blogue :)
Merci pour votre commentaire et de partager votre expérience !