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La traduction : la comprendre, l’apprendre, de Daniel Gile

Je viens d’achever la lecture de La traduction : la comprendre, l’apprendre, de Daniel Gile, édité au PUF.

« Comment devient-on traducteur ? Que doit comporter une formation à la traduction ? Comment le traducteur aborde-t-il la traduction des textes spécialisés, et avec quelles connaissances ? Ces questions, traitées de manière directe et raisonnées à l’aide de modèles et d’éléments théoriques simples, permettent au lecteur de mieux comprendre des aspects de la traduction le plus souvent méconnus, notamment la nature des connaissances linguistiques du traducteur, l’importance de la prise de décisions, les stratégies d’acquisitions de connaissances, de fidélité et de résolution de problèmes. L’ensemble est présenté sous forme didactique, avec des suggestions en matière d’enseignement.

Membre fondateur de la European Society for Translation Studies, auteur de nombreuses publications traductologiques, Daniel Gile est professeur de traduction à l’Université de Lyon 2. »

Il s’agit d’un ouvrage général sur la traduction, ses mécanismes et son enseignement. Malgré les suggestions de l’auteur sur l’apprentissage de cette discipline qui intéresseront principalement les enseignants, ce livre est également accessible et intéressant pour d’autres lecteurs : étudiants en traduction, grands débutants ou simples curieux. En revanche, il est important de préciser que cet ouvrage traite de la traduction de textes « informatifs » et non de la traduction littéraire.

Généralement, on a tendance à croire que pour être traducteur, il suffit d’être bilingue, voire polyglotte. Dans son ouvrage, Daniel Gile démolit ce cliché et présente les qualités indispensables du traducteur. Ce dernier doit bien évidemment avoir une bonne maîtrise d’une ou plusieurs langues étrangères mais celle-ci est passive, c’est-à-dire qu’il s’agit uniquement de comprendre et non de s’exprimer dans cette ou ces langues. De plus, cette compréhension est uniquement écrite et non orale (du moins dans le cas de la traduction écrite, celui de l’interprétation est différent). Mais surtout, le traducteur doit avoir une parfaite maîtrise de sa langue d’arrivée, généralement sa langue maternelle, et faire preuve d’excellentes capacités rédactionnelles dans cette langue. Il doit, de plus, disposer d’une importante culture générale (et/ou spécialisée pour les traducteurs techniques) ainsi que maîtriser les outils de la traduction. Enfin, le traducteur doit avoir une bonne connaissance du métier, de ses aspects pratiques et commerciaux.

Dans cet ouvrage, Daniel Gile replace la traduction dans un espace social. Il en présente les différents acteurs, leurs intérêts et leurs interactions. Cela permet de mieux comprendre les diverses pressions et contraintes subies par le traducteur professionnel. Dans les parties concernant plus directement les mécanismes et processus de traduction ainsi que portant sur les méthodes d’enseignement, l’auteur propose des exemples concrets généralement tirés de sa propre expérience en tant que professeur de traduction. Le style est le plus souvent simple et accessible. Certains passages, plus techniques, résistent parfois un peu à la compréhension mais, dans son ensemble, La traduction : la comprendre, l’apprendre se lit assez facilement. De plus, on a la sensation que Daniel Gile fait preuve d’un véritable recul critique sur la profession. Il présente les possibles conflits qui existent entre les différents courants de pensée sans pour autant prendre parti.

Comme il s’agit d’un ouvrage général, il est probable que le lecteur n’y trouve pas de réponse à certaines questions précises (des méthodes de traduction, des considérations sur une langue en particulier…) mais, étant donné l’ouverture du sommaire, chacun y trouvera néanmoins des données intéressantes. Étonnamment, c’est le dernier chapitre (sur la traductologie) qui m’a le plus intéressée. En effet, la traductologie, en tant que science prenant la traduction pour objet, mais surtout le traducteur lui-même, se situe à un carrefour de disciplines, et se trouve notamment concernée par les Cultural Studies (que j’aborde en Master cette année). Tout un pan de la recherche s’intéresse donc à l’influence du contexte social du traducteur sur son travail et cherche ainsi à mettre en lumière des normes de la traduction. Cette école de pensée, initiée par Gideon Toury, se rassemble sous le nom de Descriptive Translation Studies.

Ce livre constitue selon moi une bonne introduction à la traduction (maisProfession traducteur de Daniel Gouadec, édité par La Maison du Dictionnaire, régulièrement cité et chaudement recommandé par l’Observatoire de la traduction, doit également valoir un coup d’œil). Si vous êtes intéressé par la profession de traducteur, la lecture de cet ouvrage vous donnera déjà une première réponse à la question : suis-je fait pour ce métier ? Ce n’est probablement pas l’objectif du livre, mais c’est malgré tout l’aspect qui m’a poussée à le lire. Cette lecture m’a permis d’avoir une meilleure vision et compréhension du métier de traducteur, de voir si les qualités requises me correspondaient et de commencer à intégrer quelques notions générales telles que celle de skopos (la fonction communicationnelle centrale d’un texte). Une bonne initiation, en somme.

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10 thoughts on “La traduction : la comprendre, l’apprendre, de Daniel Gile

  1. sxmtranslations says:

    Daniel Gile était mon prof de version anglaise à Lyon 2, 3ème année de Licence et Master 1. Ce livre était ma bible… Il n’était certes pas très généreux sur les notes – je crois me souvenir que personne ne dépassait jamais les 13/20 avec lui… Mais d’une précision verbale incisive, avec l’humour qui accompagne souvent les grand esprits. Il a insufflé en moi une passion pour la traduction. Avec lui j’ai appris que ce n’est pas seulement une question de talent ou de mot juste, mais de méthodologie aussi.

    • cathymini says:

      Merci pour ce commentaire et bienvenue sur le blog :)
      ça devait en effet être passionnant de l’avoir comme professeur ! Tu me donnes envie ^^

  2. Lea says:

    Bonjour,
    Cet article est très intéressant, merci! Je dois faire l’analyse d’un livre sur la traduction pour un cours (de traduction justement) à la fac et je pensais peut-être acheter celui-ci. Je voudrais savoir si ce livre comporte aussi un index analytique, c’est à dire non pas un index selon les chapitres, mais par notion. Merci!!

      • Lea says:

        Merci beaucoup pour la réponse!!
        Je vais le commander de ce pas! Je dois dire que ton article m’a beaucoup aidée pour le choix, c’est toujours bien d’avoir des avis avant d’acheter! Je pense que ça va me plaire (j’espère…).
        PS: super site! je viens de le découvrir ces jours-ci et j’y reviendrai assez souvent je pense! :-)
        Bonne continuation!

  3. cathymini says:

    Contente d’avoir pu aider :)
    Et ravie que le site te plaise !
    Tu es en quelle année en traduction ? Et tu étudies où, si ce n’est pas indiscret ?

    • Lea says:

      En fait je suis en première année de master de communication internationale à Turin en Italie (j’ai décidé de m’expatrier ^^’). En première année on a un cours de « théories et pratiques de la traduction » pour lequel il faut traduire plusieurs textes et analyser un livre qui porte sur le sujet. :-)
      Tu fais des études de traduction, toi?

      • Lea says:

        Je viens de voir que tu as mis un profil! Du coup j’en sais un peu plus! ;-) ça évitera les questions inutiles! ^^’
        Tu as fais beaucoup de choses intéressantes et différentes! C’est génial de voir quelqu’un de passionné et curieux! :-)

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