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Matinale SFT du 19 janvier 2013 : Le secrétaire de rédaction, au service des textes

Alors qu’un lourd tapis blanc assourdit la ville et l’engourdit de froid, nombreux sont les courageux venus chercher un peu de chaleur au 14 quai du Louvre. L’odeur de café et les conversations enthousiastes emplissent la pièce… En cette matinée enneigée de janvier, traducteurs accomplis ou en devenir se réunissent pour écouter une femme passionnée et passionnante nous conter son métier, pas si éloigné du leur, du nôtre. Marie-Édith Alouf, pimpante secrétaire de rédaction chez Politis, est également cofondatrice des éditions Les Petits matins.

 Photo by Nirina R

« Secrétaire de rédaction, ce n’est pas un boulot d’amateur éclairé »

Les fonctions, notamment dans le domaine de l’édition, sont de plus en plus poreuses. Petit tour d’horizon :

  • Le correcteur effectue les corrections typographiques, orthographiques, grammaticales. Il vérifie les informations, mais n’agit pas du tout sur le fond éditorial.
  • L’assistant d’édition (ou le secrétaire d’édition) fait des suggestions de chapitrage, propose des coupes, d’intervertir des parties… Il intervient sur le fond éditorial.
  • Le secrétaire de rédaction est journaliste, il n’est pas rédacteur, mais a tout de même sa carte de presse. Il travaille notamment à l’habillage des textes (les titres, légendes, chapôs, exergues).
  • Le maquettiste s’occupe de la partie technique de la mise en page. Ce n’est pas son travail de corriger les fautes.

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Polyglot: How I learn languages, de Kató Lomb

Kató Lomb (1909-2003) était une traductrice, interprète et linguiste hongroise qui n’a commencé à apprendre les langues étrangères qu’à l’âge adulte (elle en maitrisait 16 à la fin de sa carrière). Elle a étudié l’anglais à l’âge de 34 ans pour des raisons économiques (elle cherchait à travailler comme professeur de langues) puis elle s’est initiée au russe en 1941 et à peine quatre ans plus tard, elle était engagée comme traductrice et interprète au Budapest City Hall.

Polyglot : How I learn languages fut écrit en 1970, traduit en anglais et réédité plusieurs fois depuis (la dernière réédition, celle que j’ai lue, date de 1995). L’auteur y parle de sa propre expérience dans un style agréable et facile à lire, largement ponctué d’anecdotes tant personnelles qu’issues de l’histoire d’autres personnes.

À la lecture des premiers chapitres, j’ai été tout d’abord conquise. Le propos me plaît, correspond à ma propre façon de voir les choses et va même jusqu’à nommer explicitement des idées ou concepts jusqu’alors présents, mais de manière floue, quasi-inconsciente dans mon esprit. Puis, petit à petit, je commence à émettre certaines réserves voire certains désaccords. Ce ne serait pas bien grave si certains propos ne m’avaient pas carrément hérissé le poil. Heureusement, ce n’est pas le plus important dans cet ouvrage qui contient tout de même un certain nombre de choses intéressantes.

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S’informer et se former : Matinale SFT du 21/07/2012

Enfin le soleil semble s’être frayé un chemin parmi les nuages en cette fin d’un mois de juillet plutôt grisâtre. Pourtant, pas de pique-nique champêtre ni de dévalement de collines façon petite maison dans la prairie au programme. Que nenni. Aujourd’hui, nous prenons la direction de notre bien-aimé Café du Pont Neuf pour une nouvelle matinale des traducteurs organisée par la délégation IDF de la SFT ! A croire que les traducteurs ne prennent pas de vacances car aujourd’hui, nous parlons formation. De quoi préparer dès à présent une rentrée en fanfare !

La formation est :

–          Une nécessité dans l’exercice de notre métier

–          Une obligation légale pour les experts de justice

–          Un devoir déontologique

–          Un droit fondamental

–          Un investissement qui s’inscrit dans un parcours de carrière

Souvent, on a la possibilité de faire financer tout ou partie de sa formation. Alors avant d’entamer toute démarche, il faut bien se renseigner et surtout vérifier que l’on remplit bien les critères d’éligibilité.

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« La traduction littéraire, avant d’être un métier, c’est une passion » Entretien avec Corinne Atlan (2/2)

Suite et fin de l’entretien avec la traductrice Corinne Atlan. La première partie est disponible [ici !]

Du Bout des Lettres : Comment procédez-vous lorsque vous traduisez un roman du japonais ?

Corinne Atlan : Je commence toujours par faire un premier jet très proche du texte original. Je reste très littérale et j’obtiens un texte « entre-deux ». Ce n’est plus du japonais mais ce n’est pas encore tout à fait du français. À ce moment-là, il y a déjà quelque chose qui se dégage : les sons, la phrase, le rythme. Je crois qu’idéalement, il faudrait appliquer à la traduction de roman les mêmes principes qu’à la traduction de poésie. Il faudrait toujours tenir compte du rythme et des sons. L’ordre des mots, c’est autre chose. Quand j’étais étudiante, on nous répétait qu’il fallait essayer de conserver l’ordre des mots. Or, la structure de la phrase japonaise est inversée par rapport au français et, je me suis aperçue, par exemple en traduisant des haïkus, que j’étais parfois plus proche du texte en inversant, en mettant le début à la place de la chute, parce qu’alors le texte français devenait beaucoup plus fort et collait mieux à ce qui était exprimé en japonais. Ce qu’il faut avant tout respecter, même dans le roman, c’est la chair du texte : la sonorité, le rythme, la longueur. Lorsqu’on est obligé de faire une longue périphrase, c’est toujours embêtant. Je le fais aussi, bien sûr, il y a des cas où on ne peut pas faire autrement, mais j’ai toujours l’impression de tricher un peu.

D.B.d.L. : Vous n’avez jamais recours aux notes ?

C.A. : Non, pas de note. Je ne suis pas trop favorable aux notes. Si on est obligé de mettre une note, c’est que quelque part, on a renoncé à quelque chose. Sauf s’il s’agit d’un ouvrage savant, ou d’un roman historique.

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« La traduction littéraire, avant d’être un métier, c’est une passion » Entretien avec Corinne Atlan (1/2)

Distraitement, je feuillète un exemplaire jauni de l’Histoire sans fin. Il est tôt, le restaurant est encore vide. C’est au Café-Livres que j’ai donné rendez-vous à Corinne Atlan, traductrice prolifique, connue notamment pour avoir fait découvrir Murakami au lectorat français. Au programme : un déjeuner qui s’annonce passionnant, où nous allons parler de son parcours, du Japon et du métier de traducteur. Elle arrive, souriante, vêtue d’un blue jeans et d’un blouson brun. L’été ne s’est pas encore installé et l’air est vif. Pourtant, son sourire réchauffe la pièce. Mais ce qui me marque surtout, c’est la lueur qui s’allume dans son regard lorsque je prononce le mot « Japon »…

Du Bout des Lettres : Au départ, qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser au Japon, à apprendre la langue japonaise ?

Corinne Atlan : À l’époque, j’avais dix-sept ans et envie de faire quelque chose qui m’intéressait vraiment. J’avais surtout envie de voyager, de découvrir le monde, et puis j’aimais les langues étrangères, alors je me suis inscrite en linguistique à la Sorbonne, et parallèlement aux Langues-O. J’ai choisi le japonais car c’est sans doute ce qui symbolisait pour moi le plus difficile et le plus lointain. Mais cela aurait pu être une autre langue. J’ignorais tout du monde asiatique. Ce qui m’attirait, c’était avant tout le terme « Langues et Civilisations Orientales ». Et j’étais fascinée par les idéogrammes, alors par curiosité, j’ai fait aussi un peu de chinois. Cela m’a moins plu parce qu’en chinois, il faut passer d’abord par l’apprentissage des tons. Le japonais, on pouvait s’y plonger tout de suite, et j’ai immédiatement aimé la sonorité de cette langue, elle était, comment dire, familière… Je ne sais pas précisément ce qui a été le déclic, pourquoi le japonais plutôt qu’autre chose. Mais au bout de deux mois, je pouvais dire pourquoi j’avais envie de continuer : tout ce que je découvrais me passionnait.

Un sanctuaire shinto à Nezu (Tokyo) ©Amanda Sherpa-Atlan

D.B.d.L. : Vous pensiez déjà à la traduction à ce moment-là ?

C.A. : Oh, moi, je n’ai jamais pensé… à rien ! J’ai été portée par mes choix du moment, par la vie. J’avais envie de faire plein de choses. J’ai toujours adoré lire et rêvé d’écrire, c’est sans doute ça le fil conducteur.

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« Le poisson et le bananier », rencontre avec David Bellos et Daniel Loayza

Est-il encore besoin de présenter David Bellos, professeur de littérature française et comparée à Princeton, biographe et traducteur de George Perec ? Et, pour ce qui nous intéresse aujourd’hui, auteur d’un livre sur la traduction, Is That a Fish in Your Ear? Translation and the Meaning of Everything.

En cette fraîche matinée de la fin du mois de juin, David Bellos nous fait donc l’honneur de sa présence au Café du Pont Neuf, pour la matinale mensuelle organisée par la délégation IDF de la SFT. Cerise sur le croissant, il est venu accompagné de son fidèle traducteur, Daniel Loayza.

Ce dernier ne se présente pas comme un traducteur professionnel, « car j’exerce d’autres activités pour gagner ma vie ». Mais la traduction n’est pas non plus pour lui un simple passe-temps. C’est une affaire de famille. Son père était traducteur littéraire ainsi qu’à l’ONU. Rien que ça. Sa mère enseignait la traduction à Genève. Sa première traduction littéraire ? Celle d’un texte de son père, car il n’avait pas d’argent pour lui offrir un cadeau, raconte-t-il avec humour. Par la suite, il fait des études de lettres, enseigne et se dirige vers la dramaturgie. Ces activités parallèles lui offrent la liberté de toujours choisir les textes qu’il traduit. Et pour l’ouvrage de David Bellos, il semble qu’il n’ait pas hésité bien longtemps…

Le projet du livre, Is That a Fish in Your Ear?, est né il y a trois ans, lors d’une réunion parents-professeurs à Princeton. David Bellos discutait avec un homme replet lorsque celui-ci lui dit : « Mais la traduction, ça ne remplace jamais l’original, pas vrai ? » Il y eut alors un déclic : cette affirmation n’est en fait qu’une manière de ne pas penser la traduction, de la déconsidérer. Et il existe de nombreuses pensées semblables qui servent « à ne pas penser ». C’est de ce constat et de l’envie de démonter ces idées qu’est né Is That a Fish in Your Ear?

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