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Polyglot: How I learn languages, de Kató Lomb

Kató Lomb (1909-2003) était une traductrice, interprète et linguiste hongroise qui n’a commencé à apprendre les langues étrangères qu’à l’âge adulte (elle en maitrisait 16 à la fin de sa carrière). Elle a étudié l’anglais à l’âge de 34 ans pour des raisons économiques (elle cherchait à travailler comme professeur de langues) puis elle s’est initiée au russe en 1941 et à peine quatre ans plus tard, elle était engagée comme traductrice et interprète au Budapest City Hall.

Polyglot : How I learn languages fut écrit en 1970, traduit en anglais et réédité plusieurs fois depuis (la dernière réédition, celle que j’ai lue, date de 1995). L’auteur y parle de sa propre expérience dans un style agréable et facile à lire, largement ponctué d’anecdotes tant personnelles qu’issues de l’histoire d’autres personnes.

À la lecture des premiers chapitres, j’ai été tout d’abord conquise. Le propos me plaît, correspond à ma propre façon de voir les choses et va même jusqu’à nommer explicitement des idées ou concepts jusqu’alors présents, mais de manière floue, quasi-inconsciente dans mon esprit. Puis, petit à petit, je commence à émettre certaines réserves voire certains désaccords. Ce ne serait pas bien grave si certains propos ne m’avaient pas carrément hérissé le poil. Heureusement, ce n’est pas le plus important dans cet ouvrage qui contient tout de même un certain nombre de choses intéressantes.

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S’informer et se former : Matinale SFT du 21/07/2012

Enfin le soleil semble s’être frayé un chemin parmi les nuages en cette fin d’un mois de juillet plutôt grisâtre. Pourtant, pas de pique-nique champêtre ni de dévalement de collines façon petite maison dans la prairie au programme. Que nenni. Aujourd’hui, nous prenons la direction de notre bien-aimé Café du Pont Neuf pour une nouvelle matinale des traducteurs organisée par la délégation IDF de la SFT ! A croire que les traducteurs ne prennent pas de vacances car aujourd’hui, nous parlons formation. De quoi préparer dès à présent une rentrée en fanfare !

La formation est :

–          Une nécessité dans l’exercice de notre métier

–          Une obligation légale pour les experts de justice

–          Un devoir déontologique

–          Un droit fondamental

–          Un investissement qui s’inscrit dans un parcours de carrière

Souvent, on a la possibilité de faire financer tout ou partie de sa formation. Alors avant d’entamer toute démarche, il faut bien se renseigner et surtout vérifier que l’on remplit bien les critères d’éligibilité.

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Poli 6 – Les promesses de l’archive

Pour son sixième numéro Poli a fait peau neuve. Si la revue a désormais un nouveau format, et une nouvelle charte graphique, elle poursuit son travail d’exploration des usages et expressions des cultures visuelles contemporaines. Intitulé « Les promesses de l’archive », ce numéro questionne en particulier la place qu’occupe désormais une activité archivistique devenue pratique culturelle ordinaire, au travers de contributions d’auteurs tels que Douglas Crimp, Louise Merzeau, Eyal Sivan ou Geneviève Sellier. Depuis l’avènement des environnements numériques, la recherche de documents et la sauvegarde en ligne, sur les réseaux sociaux, dans « les nuages » ou sur des plateformes sécurisées, sont aujourd’hui des actions quotidiennes qui témoignent de nouveaux rapports à l’information. En interrogeant l’état de tension entre archive et mémoire, à propos d’objets aussi divers que le dépôt légal du web, la création documentaire, l’obsolescence des disques durs ou la conservation de la performance, ce numéro de Poli s’essaye à faire promettre à l’archive que nos mémoires vivent.

Le livre La Fabrique des films propose une déambulation critique parmi les sentiers qui parcourent la conception du cinéma de recherche, en révélant les cheminements, les traces et le devenir. Ce livre, qui accompagne l’exposition éponyme du collectif pointligneplan, connu pour son engagement dans la production et diffusion du cinéma expérimental, propose des contributions visuelles et essais d’Érik Bullot, Jean Breschand, Valérie Mréjen, Bertrand Schefer, Vincent Dieutre ou Christian Merlhiot. Il s’agit du premier ouvrage publié par Poli éditions. L’exposition est à voir jusqu’au 22 juillet 2012 à la Maison d’Art Bernard Anthonioz – Fondation nationale des arts graphiques et plastiques, à Nogent-sur-Marne.

Ce nouveau numéro de Poli comporte deux articles traduits par mes soins. Je ne l’ai pas encore eu entre les mains mais j’avoue être assez impatiente !

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« La traduction littéraire, avant d’être un métier, c’est une passion » Entretien avec Corinne Atlan (2/2)

Suite et fin de l’entretien avec la traductrice Corinne Atlan. La première partie est disponible [ici !]

Du Bout des Lettres : Comment procédez-vous lorsque vous traduisez un roman du japonais ?

Corinne Atlan : Je commence toujours par faire un premier jet très proche du texte original. Je reste très littérale et j’obtiens un texte « entre-deux ». Ce n’est plus du japonais mais ce n’est pas encore tout à fait du français. À ce moment-là, il y a déjà quelque chose qui se dégage : les sons, la phrase, le rythme. Je crois qu’idéalement, il faudrait appliquer à la traduction de roman les mêmes principes qu’à la traduction de poésie. Il faudrait toujours tenir compte du rythme et des sons. L’ordre des mots, c’est autre chose. Quand j’étais étudiante, on nous répétait qu’il fallait essayer de conserver l’ordre des mots. Or, la structure de la phrase japonaise est inversée par rapport au français et, je me suis aperçue, par exemple en traduisant des haïkus, que j’étais parfois plus proche du texte en inversant, en mettant le début à la place de la chute, parce qu’alors le texte français devenait beaucoup plus fort et collait mieux à ce qui était exprimé en japonais. Ce qu’il faut avant tout respecter, même dans le roman, c’est la chair du texte : la sonorité, le rythme, la longueur. Lorsqu’on est obligé de faire une longue périphrase, c’est toujours embêtant. Je le fais aussi, bien sûr, il y a des cas où on ne peut pas faire autrement, mais j’ai toujours l’impression de tricher un peu.

D.B.d.L. : Vous n’avez jamais recours aux notes ?

C.A. : Non, pas de note. Je ne suis pas trop favorable aux notes. Si on est obligé de mettre une note, c’est que quelque part, on a renoncé à quelque chose. Sauf s’il s’agit d’un ouvrage savant, ou d’un roman historique.

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« La traduction littéraire, avant d’être un métier, c’est une passion » Entretien avec Corinne Atlan (1/2)

Distraitement, je feuillète un exemplaire jauni de l’Histoire sans fin. Il est tôt, le restaurant est encore vide. C’est au Café-Livres que j’ai donné rendez-vous à Corinne Atlan, traductrice prolifique, connue notamment pour avoir fait découvrir Murakami au lectorat français. Au programme : un déjeuner qui s’annonce passionnant, où nous allons parler de son parcours, du Japon et du métier de traducteur. Elle arrive, souriante, vêtue d’un blue jeans et d’un blouson brun. L’été ne s’est pas encore installé et l’air est vif. Pourtant, son sourire réchauffe la pièce. Mais ce qui me marque surtout, c’est la lueur qui s’allume dans son regard lorsque je prononce le mot « Japon »…

Du Bout des Lettres : Au départ, qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser au Japon, à apprendre la langue japonaise ?

Corinne Atlan : À l’époque, j’avais dix-sept ans et envie de faire quelque chose qui m’intéressait vraiment. J’avais surtout envie de voyager, de découvrir le monde, et puis j’aimais les langues étrangères, alors je me suis inscrite en linguistique à la Sorbonne, et parallèlement aux Langues-O. J’ai choisi le japonais car c’est sans doute ce qui symbolisait pour moi le plus difficile et le plus lointain. Mais cela aurait pu être une autre langue. J’ignorais tout du monde asiatique. Ce qui m’attirait, c’était avant tout le terme « Langues et Civilisations Orientales ». Et j’étais fascinée par les idéogrammes, alors par curiosité, j’ai fait aussi un peu de chinois. Cela m’a moins plu parce qu’en chinois, il faut passer d’abord par l’apprentissage des tons. Le japonais, on pouvait s’y plonger tout de suite, et j’ai immédiatement aimé la sonorité de cette langue, elle était, comment dire, familière… Je ne sais pas précisément ce qui a été le déclic, pourquoi le japonais plutôt qu’autre chose. Mais au bout de deux mois, je pouvais dire pourquoi j’avais envie de continuer : tout ce que je découvrais me passionnait.

Un sanctuaire shinto à Nezu (Tokyo) ©Amanda Sherpa-Atlan

D.B.d.L. : Vous pensiez déjà à la traduction à ce moment-là ?

C.A. : Oh, moi, je n’ai jamais pensé… à rien ! J’ai été portée par mes choix du moment, par la vie. J’avais envie de faire plein de choses. J’ai toujours adoré lire et rêvé d’écrire, c’est sans doute ça le fil conducteur.

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