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Sandrine Colette : « Pour moi, l’écriture a eu une vertu cathartique »

SONY DSCCoupe courte, billes bleues et sourire franc, Sandrine Collette est une femme dynamique et fort sympathique avec qui on se régale de parler littérature ou chevaux. Après Des noeuds d’acier, un premier roman très remarqué et récompensé par le Grand prix de la littérature policière en 2013, vient de paraître chez Denoël son deuxième polar : Un vent de cendres.

Je l’ai rencontrée lors de sa venue au Salon du livre de Paris grâce aux Nouveaux Talents, l’initiative de mécénat de la fondation Bouygues Telecom qui a à cœur d’accompagner les écrivains de demain.

Comment êtes-vous devenue écrivain ?

L’écriture fait partie de ma vie depuis que j’ai dix ans. J’ai toujours écrit, depuis que je suis gamine. Et dans mon métier, à l’université, on écrit aussi beaucoup : des articles, des thèses, des bouquins. Je ne sais pas si on devient écrivain, mais il y a un jour où on décide de faire un roman et pas autre chose. Pas un livre scientifique, pas un article pour une revue de sciences humaines, mais un vrai roman, tout simplement.

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Traduire

Jean-Philippe Toussaint et ses traducteurs

Le 1er mars 2014, Jean-Philippe Toussaint était à l’École de traduction littéraire du CNL. À cette occasion, il est notamment revenu sur son expérience au Collège des traducteurs de Seneffe (Belgique) et sur les relations qu’il entretient avec ses traducteurs.

jean philippe toussaintJean-Philippe Toussaint au Collège européen des traducteurs littéraires de Seneffe

Jean-Philippe Toussaint mène un travail d’écriture en confrontation directe avec ses traducteurs. Quatre de ses livres ont été traduits (du moins en partie) lors de stages au Collège de Seneffe. Lorsqu’il a publié son premier roman, La salle de bain, en 1985, une demande de traduction était pour lui inimaginable. Il s’est demandé : « Que va devenir mon livre en italien ? », comme s’il s’agissait d’un enfant qui changeait de tuteur. « J’aimerais voir la nouvelle maman », a-t-il déclaré avant de se rendre à Milan pour rencontrer la traductrice. Avec elle, il s’est montré attentif et inquiet. Il a relu le texte en italien alors qu’il reconnaît lui-même ne pas avoir un très bon niveau dans cette langue. Mais les liens qu’il entretenait avec son texte en français étaient trop forts, passionnels pour ne pas se mêler au moins un peu de la traduction. Dix ans plus tard, Jean-Philippe Toussaint était déjà traduit dans des langues qu’il n’était même plus capable de lire. Aujourd’hui, il entretient toujours des liens avec ses traducteurs. Mais s’il les laisse plutôt venir à lui désormais, il est toujours accueillant avec les demandes.

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« La traduction littéraire, avant d’être un métier, c’est une passion » Entretien avec Corinne Atlan (2/2)

Suite et fin de l’entretien avec la traductrice Corinne Atlan. La première partie est disponible [ici !]

Du Bout des Lettres : Comment procédez-vous lorsque vous traduisez un roman du japonais ?

Corinne Atlan : Je commence toujours par faire un premier jet très proche du texte original. Je reste très littérale et j’obtiens un texte « entre-deux ». Ce n’est plus du japonais mais ce n’est pas encore tout à fait du français. À ce moment-là, il y a déjà quelque chose qui se dégage : les sons, la phrase, le rythme. Je crois qu’idéalement, il faudrait appliquer à la traduction de roman les mêmes principes qu’à la traduction de poésie. Il faudrait toujours tenir compte du rythme et des sons. L’ordre des mots, c’est autre chose. Quand j’étais étudiante, on nous répétait qu’il fallait essayer de conserver l’ordre des mots. Or, la structure de la phrase japonaise est inversée par rapport au français et, je me suis aperçue, par exemple en traduisant des haïkus, que j’étais parfois plus proche du texte en inversant, en mettant le début à la place de la chute, parce qu’alors le texte français devenait beaucoup plus fort et collait mieux à ce qui était exprimé en japonais. Ce qu’il faut avant tout respecter, même dans le roman, c’est la chair du texte : la sonorité, le rythme, la longueur. Lorsqu’on est obligé de faire une longue périphrase, c’est toujours embêtant. Je le fais aussi, bien sûr, il y a des cas où on ne peut pas faire autrement, mais j’ai toujours l’impression de tricher un peu.

D.B.d.L. : Vous n’avez jamais recours aux notes ?

C.A. : Non, pas de note. Je ne suis pas trop favorable aux notes. Si on est obligé de mettre une note, c’est que quelque part, on a renoncé à quelque chose. Sauf s’il s’agit d’un ouvrage savant, ou d’un roman historique.

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« La traduction littéraire, avant d’être un métier, c’est une passion » Entretien avec Corinne Atlan (1/2)

Distraitement, je feuillète un exemplaire jauni de l’Histoire sans fin. Il est tôt, le restaurant est encore vide. C’est au Café-Livres que j’ai donné rendez-vous à Corinne Atlan, traductrice prolifique, connue notamment pour avoir fait découvrir Murakami au lectorat français. Au programme : un déjeuner qui s’annonce passionnant, où nous allons parler de son parcours, du Japon et du métier de traducteur. Elle arrive, souriante, vêtue d’un blue jeans et d’un blouson brun. L’été ne s’est pas encore installé et l’air est vif. Pourtant, son sourire réchauffe la pièce. Mais ce qui me marque surtout, c’est la lueur qui s’allume dans son regard lorsque je prononce le mot « Japon »…

Du Bout des Lettres : Au départ, qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser au Japon, à apprendre la langue japonaise ?

Corinne Atlan : À l’époque, j’avais dix-sept ans et envie de faire quelque chose qui m’intéressait vraiment. J’avais surtout envie de voyager, de découvrir le monde, et puis j’aimais les langues étrangères, alors je me suis inscrite en linguistique à la Sorbonne, et parallèlement aux Langues-O. J’ai choisi le japonais car c’est sans doute ce qui symbolisait pour moi le plus difficile et le plus lointain. Mais cela aurait pu être une autre langue. J’ignorais tout du monde asiatique. Ce qui m’attirait, c’était avant tout le terme « Langues et Civilisations Orientales ». Et j’étais fascinée par les idéogrammes, alors par curiosité, j’ai fait aussi un peu de chinois. Cela m’a moins plu parce qu’en chinois, il faut passer d’abord par l’apprentissage des tons. Le japonais, on pouvait s’y plonger tout de suite, et j’ai immédiatement aimé la sonorité de cette langue, elle était, comment dire, familière… Je ne sais pas précisément ce qui a été le déclic, pourquoi le japonais plutôt qu’autre chose. Mais au bout de deux mois, je pouvais dire pourquoi j’avais envie de continuer : tout ce que je découvrais me passionnait.

Un sanctuaire shinto à Nezu (Tokyo) ©Amanda Sherpa-Atlan

D.B.d.L. : Vous pensiez déjà à la traduction à ce moment-là ?

C.A. : Oh, moi, je n’ai jamais pensé… à rien ! J’ai été portée par mes choix du moment, par la vie. J’avais envie de faire plein de choses. J’ai toujours adoré lire et rêvé d’écrire, c’est sans doute ça le fil conducteur.

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Entretien avec Merl Storr, traductrice, correctrice et indexeuse

Merl Storr a étudié la philosophie et le français à Cambridge. Après un doctorat à l’Université de York, elle a mené une brillante carrière universitaire pendant plus de vingt ans. Merl est aujourd’hui traductrice du suédois et du français vers l’anglais. Elle travaille également en tant que correctrice-réviseuse et indexeuse d’ouvrages de sciences humaines et sociales. Pour visiter son site, c’est par ici !

Je tiens à remercier Merl pour sa gentillesse et le temps qu’elle m’a accordé pour cet entretien.

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